Chapitre 4 - Suites numériques

  • Savoir mener un raisonnement par récurrence
  • Utiliser un algorithme pour déterminer le rang d'un dépassement de seuil
  • Démonstration : une suite minorée par une suite tendant vers \(+\infty\) tend vers \(+\infty\)
  • Etudier la limite d'une somme, d'un produit ou d'un quotient de suites
  • Déterminer la limite (éventuelle) d'une suite géométrique
  • Démonstration : Si \(q \gt 1\), la suite géométrique \((q^n)_{n\in \mathbb{N}}\) tend vers \(+\infty\)
  • Utiliser le théorème de convergence des suites croissantes majorées

IRaisonnement par récurrence

1L'exemple des dominos

Le raisonnement par récurrence est un raisonnement logique, au même titre que le raisonnement par l'absurde, qui est utilisé pour démontrer des résultats mathématiques. Il s'applique en général dans le cadre des suites numériques et peut faire penser à la théorie des dominos ou à une réaction en chaîne...

Nous savons d'expérience que si nous alignons des dominos suffisamment rapprochés, tous tomberont.

Un raisonnement par récurrence démontre parfaitement ce résultat, et repose sur seulement 3 petites étapes de raisonnement (même si on a posé \(10\), \(100\), \(1000\) ou \(n\) dominos !) :

  • L'initialisation : Le premier domino tombe
  • L'hérédité : Si un domino tombe, alors le suivant tombe
  • La conclusion : Si les deux étapes précédentes sont vérifiée, on peut conclure que tous les dominos tomberont

Attention, les deux premières étapes doivent être vérifiées toutes les deux pour conclure :
  • Si il n'y a pas d'initialisation, ici, c'est qu'on ne pousse pas le premier dominos : aucun résultat
  • Si il n'y a pas d'hérédité, ici, c'est qu'il y a deux dominos trop espacés : la chute s'arrête.
Cet exemple sert d'introduction et ne donne qu'une idée du raisonnement.

2Etapes du raisonnement par récurrence

Un raisonnement par récurrence est un raisonnement logique dont l'objectif est de démontrer une propriété \(P_n\) qui se répète avec une certaine hérédité pour tout \(n\) entier.

Dans l'exemple des dominos, l'objectif était de justifier la chute de tous les dominos. \(P_n\) correspondait donc à la propriété "le \(n\)-ième domino tombera"

Un raisonnement par récurrence est divisé en trois parties qu'il faudra démontrer en utilisant les hypothèses de l'énoncé (la conclusion est directe quand on a les deux premières).

  • Initialisation : On vérifie que la propriété \(P_0\) est vraie. C'est le point de départ.
    Dans le cas des dominos \(P_0\) correspondait à "le premier domino est poussé"
  • Hérédité : C'est l'étape la plus importante. Il faut prouver que si \(P_n\) est vraie, alors \(P_{n+1}\) sera vraie également (c.à.d. : \(P_n \rightarrow P_{n+1}\)).

    Dans l'exemple des dominos (qui n'est pas un problème mathématique), cette étape correspondrait à justifier que la distance entre le \(n\)-ième domino et le \((n+1)\)-ième est suffisamment petite pour que la chute du premier entraîne la chute du deuxième.

  • Conclusion : Cette étape est directe quand on a prouvé les deux précédentes : on peut directement conclure que \(P_n\) est vraie pour tout \(n\in\mathbb{N}\)
    Dans l'exemple des dominos, on conclut à la chute de tous les dominos.

Pour l'initialisation le premier indice peut très bien commencer à \(n_0 \gt 0\) selon le problème.

3Exemples pratiques

AEncadrement d'une suite

Soit \((u_n)\) une suite définie par \(u_0 = 1\) et \(u_{n+1} = \sqrt{2 + u_n}\) pour tout \(n \in \mathbb{N}\).

Démontrer par récurrence que pour tout \(n \in \mathbb{N}\), \(0 \lt u_n \lt 2\).

Soit \(n\in \mathbb{N}\) : on note \(P_n\) la propriété \(0 \lt u_n \lt 2\).

Preuve par récurrence :

  • Initialisation : Démontrons que \(P_0\) est vraie :

    $$ \begin{array}{lll} P_0 \text{ : } & 0 \lt u_0 \lt 2 \\ & 0 \lt \sqrt{2 + 1} \lt 2 \\ & 0 \lt \sqrt{3} \lt 2 \\ \end{array} $$ Ce qui est vrai.
  • Hérédité :

    On suppose que \(P_n\) est vraie. L'objectif est de montrer \(P_{n+1}\), c'est à dire que \(0 \lt u_{n+1} \lt 2\).

    On part de la définition de \(u_{n+1}\) : $$ u_{n+1} = \sqrt{2 + u_n} $$ D'après \(P_n\), on sait que \(u_n \lt 2\), et donc comme la fonction racine est croissante : $$ u_{n+1} \lt \sqrt{2 + 2} = \sqrt{4} = 2 $$ De plus, comme la racine carré est positive, on a \(0 \lt u_{n+1}\). Et donc, on a prouvé \(P_{n+1}\) : $$ 0 \lt u_{n+1} \lt 2 $$

  • Conclusion : On peut conclure que \(P_n\) est vraie pour tout \(n\in\mathbb{N}\)

BComparaison de deux suites avec paramètre

Soit \(x \gt 0\). Démontrer par récurrence que pour tout \(x \in \mathbb{R}\) : $$ (1+x)^n \geq 1 + nx $$

Soit \(n\in \mathbb{N}\) : on note \(P_n\) la propriété \((1+x)^n \geq 1 + nx\).

Preuve par récurrence :

  • Initialisation : Démontrons que \(P_0\) est vraie :

    $$ \begin{array}{ll} & (1+x)^0 \geq 1 + 0\times x \\ \Leftrightarrow & 1 \geq 1 \\ \end{array} $$ Ce qui est vrai.
  • Hérédité :

    On suppose que \(P_n\) est vraie. L'objectif est de montrer \(P_{n+1}\), c'est à dire que \((1+x)^{n+1} \geq 1 + (n+1)x\).

    On part du membre gauche de l'inégalité et tentons d'utiliser l'hypothèse \(P_n\) : $$ \begin{array}{llll} (1+x)^{n+1} & = & (1+x)^{n} \times (1+x) & \\ &\geq & (1+nx)(1+x) & \text{d'après } P_n \text{ et parce que } 1+x \gt 0 \\ &= & 1+x + nx + nx^2 & \\ &= & 1+ (n+1)x + nx^2 & \\ (1+x)^{n+1} &\geq & 1+ (n+1)x & \text{ car } nx^2 \gt 0 \\ \end{array} $$ Ce qui prouve bien \(P_{n+1}\)

  • Conclusion : On peut conclure que \(P_n\) est vraie pour tout \(n\in\mathbb{N}\)

CSomme des termes d'une suite arithmétique

DSomme des termes d'une suite géométrique

IILimite d'une suite

1Limite finie

Une manière peu formelle d'exprimer le fait que la suite \((u_n)\) tend vers \(\mathcal{l}\) un réel serait de dire que les termes de la suite finiront toujours par s'accumuler autour de \(\mathcal{l}\) à partir d'un certain rang \(n\).

On dit qu'une suite \((u_n)\) a pour limite \(\mathcal{l}\in \mathbb{R}\), si tout intervalle \(I\) ouvert (aussi petit que l'on souhaite) contenant \(\mathcal{l}\) contient aussi tous les termes de la suite à partir d'un certain rang. On note : $$ \lim\limits_{n \rightarrow +\infty} u_n = \mathcal{l} $$
On dit aussi que \(u_n\) tend vers \(\mathcal{l}\) quand \(n\) tend vers \(+\infty\)
Les suites définies par \(u_n=\frac{1}{n}\), \(v_n=\frac{1}{\sqrt{n}}\), \(u_n=\frac{1}{n^2}\) tendent vers \(0\)

2Limite infinie

Une manière peu formelle d'exprimer le fait que la suite \((u_n)\) tend vers \(+\infty\) serait de dire que les termes de la suite peuvent devenir aussi grands que l'on souhaite.

On dit qu'une suite \((u_n)\) a pour limite \(+\infty\), si tout intervalle ouvert de la forme \(]A;+\infty[\) contient aussi tous les termes de la suite à partir d'un certain rang. On note : $$ \lim\limits_{n \rightarrow +\infty} u_n = +\infty $$
On dit aussi que \(u_n\) tend vers \(+\infty\) quand \(n\) tend vers \(+\infty\)
Les suites définies par \(u_n=n\), \(v_n=\sqrt{n}\), \(u_n=n^2\) tendent vers \(+\infty\)
On définit de la même manière les suites qui tendent vers \(-\infty\) avec des intervalles de la forme \(]-\infty;A[\).

IIIComparaisons de limites

Une partie importante de ce chapitre est consacrée à déterminer des limites de suites plus ou moins compliquées. Cela pourra se faire par en comparant ces suites à des exemples de suites beaucoup plus simples et intuitifs comme \(\frac{1}{n^2}, \frac{1}{n}, \frac{1}{\sqrt{n}}, \sqrt{n}, n, n^2, \) etc.

1Minoration / Majoration (limites infinies)

Soient \((u_n)\) et \((v_n)\) deux suites vérifiant :

  • \(u_n \geq v_n\) pour tout \(n\) à partir d'un certain rang \(n_0\).
  • \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} u_n = +\infty\)
Alors, \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} v_n = +\infty \)
Un second théorème est possible pour \(v_n\) tendant vers \(- \infty\) et où \(u_n \leq v_n\)

2"Théorème des gendarmes" (limites finies)

Soient \((u_n), (v_n) et (w_n)\) trois suites vérifiant :
  • \(u_n \leq v_n \leq w_n\) à partie d'un certain rang \(n_0\)
  • \(u_n\) et \(w_n\) ont la même limite finie \(\mathcal{l}\).
Alors, \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} v_n = \mathcal{l} \)

IVOpérations sur les limites

ASomme de limites

Soient \((u_n)\) et \((v_n)\) deux suites ayant une limite (finie ou infinie). Alors la limite éventuelle de la suite \((u_n + v_n)\) est donnée par le tableau suivant : $$ \begin{array}{|c|c|c|c|} \hline \begin{array}{ll} & \hspace{-1em}\lim u_n \\ \lim v_n & \end{array} & \mathcal{l} & +\infty & -\infty \\ \hline \mathcal{l}' & \mathcal{l} + \mathcal{l}' & +\infty & -\infty \\ \hline +\infty & +\infty & +\infty & ? \\ \hline -\infty & -\infty & ? & -\infty \\ \hline \end{array} $$
Il n'y a pas de règle pour les formes indéterminées. Tout est possible : il peut y avoir une limite finie ou infinie, ou bien aucune limite (voir la partie D ci-dessous pour des exemples).

BProduit de limites

Soient \((u_n)\) et \((v_n)\) deux suites ayant une limite (finie ou infinie). Alors la limite éventuelle de la suite \((u_n \times v_n)\) est donnée par le tableau suivant :
\( \begin{array}{ll} & \hspace{-1em}\lim u_n \\ \lim v_n & \end{array} \) \( \mathcal{l} \gt 0 \) \( \mathcal{l} \lt 0 \) \( \mathcal{l} = 0 \) \( +\infty \) \( -\infty \)
\( \mathcal{l}' \gt 0 \) \( \mathcal{l} \times \mathcal{l}' \) \( +\infty \) \( -\infty \)
\( \mathcal{l}' \lt 0 \) \( -\infty \) \( +\infty \)
\( \mathcal{l}'=0 \) \( ? \) \( ? \)
\( +\infty \) \( +\infty \) \( -\infty \) \( ? \) \( +\infty \) \( -\infty \)
\( -\infty \) \( -\infty \) \( +\infty \) \( ? \) \( -\infty \) \( +\infty \)

CQuotient de limites

Soient \((u_n)\) et \((v_n)\) deux suites ayant une limite (finie ou infinie). Alors la limite éventuelle de la suite \((\frac{u_n}{v_n})\) est donnée par le tableau suivant :
\( \begin{array}{ll} & \hspace{-1em}\lim u_n \\ \lim v_n & \end{array} \) \( \mathcal{l} \gt 0 \) \( \mathcal{l} \lt 0 \) \( \mathcal{l} = 0 \) \( +\infty \) \( -\infty \)
\( \mathcal{l}' \gt 0 \) \( \frac{\mathcal{l}}{\mathcal{l}'} \) \( +\infty \) \( +\infty \) \( -\infty \)
\( \mathcal{l}' \lt 0 \) \( -\infty \) \( -\infty \) \( +\infty \)
\( \mathcal{l}'=0^+ \) \( +\infty \) \( -\infty \) \( 0 \) \( +\infty \) \( -\infty \)
\( \mathcal{l}'=0^- \) \( -\infty \) \( +\infty \) \( -\infty \) \( +\infty \)
\( +\infty \) \( 0^+ \) \( 0^- \) \( 0 \) \( ? \)
\( -\infty \) \( 0^- \) \( 0^+ \) \( 0 \)

DFormes indéterminées

Pour résoudre des formes indéterminées, il faudra souvent passer par une astuce de calcul.
La suite définie par \(u_n = n^2 - n \) présente une forme indéterminée (\( +\infty - \infty\)). Elle a pourtant une limite, mais il faut passer par une astuce.
Il faut factoriser : $$ \begin{array}{llll} u_n & = n^2 - n \\ & = n (n - 1) \\ \end{array} $$ \(u_n\) est vu comme le produit des deux suites \((n)\) et \((n - 1)\) qui tendent toutes les deux vers \(+\infty\). Donc : $$ \lim\limits_{n \rightarrow +\infty} u_n = +\infty $$
La suite définie par \(u_n = \frac{2n + 1}{3 n + 5} \) présente une forme indéterminée (\( \frac{+\infty}{+\infty}\)). Elle a pourtant une limite, mais il faut passer par une astuce.
La bonne intuition à avoir est que par rapport à de très grandes valeurs \(1\) et \(5\) sont négligeables, et alors \(\frac{2n}{3 n} = \frac{2}{3}\). Il faut tout de même le prouver en factorisant par \(n\) les numérateurs et dénominateurs: $$ \begin{array}{llll} u_n & = \frac{2n + 1}{3 n + 5} \\ & = \frac{n (2 + \frac{1}{n})}{n (3 + \frac{5}{n})}\\ \end{array} $$ Or, on sait que \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} \frac{1}{n} = 0 \) et \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} \frac{5}{n} = 0 \). Donc en utilisant le théorème de somme et de quotient des limites : $$ \begin{array}{llll} \lim\limits_{n \rightarrow +\infty} u_n & = \frac{2n + \lim\limits_{n \rightarrow +\infty} \frac{1}{n}}{3 n + \lim\limits_{n \rightarrow +\infty} \frac{5}{n}} \\ & = \frac{2n + 0}{3 n + 0} \\ & = \frac{2n}{3 n} \\ \lim\limits_{n \rightarrow +\infty} u_n & = \frac{2}{3} \\ \end{array} $$

VLimite de \(q^n\)

Soit \(q \gt 1\). Alors \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} q^n = +\infty \)

Notation :

Comme \(q \gt 1\), on notera parfois \(q = 1 + a \) où \(a \gt 0\).

Stratégie :

La démonstration se fait en deux temps :
  • On démontrera par récurrence que \(q^n \geq 1 + n a\)
  • En utilisant le théorème de minoration, on utilisera ce résultat pour conclure

Démonstration par récurrence :

Cette démonstration a déjà été faite dans la partie I.3.B. avec \(x = a\) et donc \(1+x = q\).

Conclusion

On applique le théorème de minorations avec :
  • \(u_n = 1 + n a\) et \(v_n = q^n\)
  • On sait maintenant que \(u_n leq v_n\)
  • On sait que \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} u_n = +\infty \)
Les hypothèses du théorème étant vérifiées, on a bien \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} v_n = +\infty \)
Soit\(q \in [0;1[\). Alors \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} q^n = 0 \)

Notation :

Comme \(q \gt 1\), on notera parfois \(q = 1 + a \) où \(a \gt 0\).

Stratégie :

On souhaite se ramener au cas précédent par une intuition simple : si \(q\) est "grand", \(\frac{1}{q}\) est "petit", et une puissance devient encore plus "petite"...

Démonstration :

Soit \(p = \frac{1}{q}\). Comme \(q \lt 0\), alors \(p \gt 1\).

On remarque que \(q^n = (\frac{1}{p})^n = \frac{1}{p^n}\)

D'après le théorème précédent, on sait que \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} p^n = +\infty \)

On connaît la limite de \(q^n\) par le théorème du quotient de deux limites : \begin{array}{llll} \lim\limits_{n \rightarrow +\infty} q^n & = \lim\limits_{n \rightarrow +\infty} \frac{1}{p^n} \\ & = 0 \\ \end{array}

Soit\(q \in ]-1;0]\). Alors \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} q^n = 0 \)

Stratégie :

On encadre \(q^n\) par deux suites qui tendent vers \(0\) et on utilise le théorème du gendarme :

Démonstration :

On sait que \(-|q|^n\leq q^n \leq |q|^n\), et on veut vérifier les hypothèses du théorème des gendarmes :
  • \(|q| \in [0;1[\) et donc \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} |q|^n = 0\) d'après le théorème précédent
  • Ainsi \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} -|q|^n = -0 = 0\)
  • Donc d'après le théorème des gendarmes, \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} q^n = 0\)
Les autres cas sont les suivants :
  • Si \(q = 1\), alors \(q^n = 1\) pour tout \(n\), donc sa limite est évidemment \(1\)
  • Si \(q \leq -1\), alors la suite \(q^n\) n'admet pas de limite
  • La suite géométrique de 1er terme 1000 et de raison \(\frac{1}{2}\) tend vers \(0\) car son terme général est \(u_n = 1000 \times \frac{1}{2^n}\)
  • La suite géométrique de 1er terme 2 et de raison \(\sqrt{2}\) tend vers \(+\infty\) car son terme général est \(v_n = 2 \times {2}^n\)
  • La suite géométrique de 1er terme 1 et de raison \(-2\) n'admet pas de limite car son terme général est \(w_n = {(-2)}^n\)

VISuites Monotones

Cette partie fournit des outils théoriques permettant de prouver la convergence d'une suite (sans donner d'indication sur la valeur de la limite).
Un peu de vocabulaire :
  • On dit qu'un suite \((u_n)\) est majorée si il existe un majorant \(M\in \mathbb{R}\) tel que \(u_n \leq M\) pour tout \(n\in\mathbb{N}\)
  • On dit qu'un suite \((u_n)\) est minorée si il existe un minorant \(m\in \mathbb{R}\) tel que \(m \leq u_n\) pour tout \(n\in\mathbb{N}\)
  • On dit qu'un suite \((u_n)\) est bornée si elle est majorée et minorée
  • On dit qu'un suite \((u_n)\) est convergente si elle a une limite finie
Attention, une suite peut être bornée et n'avoir aucune limite comme la suite alternée \(u_n = (-1)^n\).
  • Toute suite croissante et majorée est convergente
  • Toute suite décroissante et minorée est convergente
Ce théorème est admis.
La suite \(u_n = \frac{1}{n}\) est minorée par \(0\) et décroissante (car la fonction inverse est décroissante). Elle a bien une limite (qu'on connaît déjà et qui vaut \(0\))
  • Toute suite croissante non majorée tend vers \(+\infty\)
  • Toute suite décroissante non minorée tend vers \(-\infty\)

Stratégie :

On va supposer qu'une suite vérifie les deux hypothèses (croissante, non majorée), et vérifier la définition de la limite infinie :
On dit qu'une suite \((u_n)\) a pour limite \(+\infty\), si tout intervalle ouvert de la forme \(]A;+\infty[\) contient aussi tous les termes de la suite à partir d'un certain rang.

Démonstration :

Soit \(u_n\) une suite non majorée : quelque soit le réel \(A\) choisi, il existera un entier \(N\) tel que \(u_N \gt A\).

Autrement dit, pour tout intervalle ouvert de la forme \(]A;+\infty[\), on trouve un indice \(N\) tel que \(u_N \in ]A;+\infty[\)

Et comme la suite est croissante, pour tous les indices \(n\) au dela de \(N\), tous les indices seront aussi dans l'intervalle.

Conclusion

On a démontré que la définition était vraie et donc que \((u_n)\) tend vers \(+\infty\)

VIISuites numériques et fonctions continues

Soit \((u_n)\) une suite définie par la formule de récurrence \(u_{n+1} = f (u_n)\) et \(u_0 \in I\) le terme initial

Si \((u_n)\) a une limite finie \(\mathcal{l}\), alors \(f (\mathcal{l}) = \mathcal{l}\)

Objectif

On veut montrer que \(f (\mathcal{l}) = \mathcal{l}\), autrement dit que : $$\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} f (u_n) = \mathcal{l} $$

Stratégie

On va calculer \(\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} f (u_n)\) de deux manières. La première nous donnera \(f (\mathcal{l})\) et la seconde \(\mathcal{l}\). On pourra conclure à l\'égalité par unicité de la limite.

Mise en forme

Premièrement, on rappelle que \(f\) est continue, et donc par définition : $$\lim\limits_{\color{red}{x} \rightarrow \color{blue}{\mathcal{l}}} f (\color{red}{x}) = f (\mathcal{l}) $$ et comme \(\color{green}{u_n}\) tend vers \(\color{blue}{\mathcal{l}}\), on traduit par : $$\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} f (\color{green}{u_n}) = f (\mathcal{l}) $$ Puis on utilise la deuxième hypothèse : $$\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} u_n = \mathcal{l} $$ On ne change pas la limite en considérant \(u_{n+1}\) au lieu de \(u_n\), donc : $$\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} u_{n+1} = \mathcal{l} $$ D\'après la formule de récurrence, \(u_{n+1}=f (u_n)\), donc on réécrit : $$\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} f (u_{n}) = \mathcal{l} $$
On réunit les deux dernières égalités obtenues : $$\lim\limits_{n \rightarrow +\infty} f (u_{n}) = f (\mathcal{l}) = \mathcal{l} $$ CQFD

Cette propriété de point fixe formalise un phénomène déjà observé en première en représentant graphiquement des suites récursives convergeantes. Nous observions une évolution "en escaliers" ou en "spirale". Dans les deux cas, la suite est définie par : $$ \left\{ \begin{array}{lll} u_{n+1} &=& f (u_n) \\ u_0 &=& \text{valeur initiale} \end{array} \right. $$
$$ f (x) = \sqrt{2x+3} \text{ et } u_0=-1$$ $$ f (x) = 1+\frac{1}{1+x} \text{ et } u_0=0,2$$
La limite se lit à l\'abscisse du point d\'intersection entre la courbe \(C_f : y=f (x)\) et la droite \(D : y=x\). Cette observation est formalisée et confirmée par la propriété : $$ f (\mathcal{l}) = \mathcal{l} $$

Exercice type (non découpé) :

On considére la fonction \(f\) d\'équation \(f (x) = 1+\frac{1}{1+x}\) définie sur \(\mathbb{R}^+\) et la suite définie par la formule de récurrence : $$ f (x) = 1+\frac{1}{1+x} \text{ et } u_0=0,2$$ On admet par lecture graphique que la suite converge vers une limite \(\mathcal{l}\) finie. Déterminons cette limite à l\'aide de la propriété.

Vérification des hypothèses de la propriété

Nous devons vérifier deux hypothèses :
  • La suite \((u_n)\) doit posséder une limite finie (admis dans l\'énoncé)
  • La fonction \(f\) doit être continue
On sait que la fonction est dérivable sur \(\mathbb{R}\backslash \{-1\}\) en utilisant les règles de dérivations. Donc \(f\) est continue.

Application de la propriété

Les hypothèses étant vérifiée, en conclusion on a l\'égalité \(f (\mathcal{l})=\mathcal{l}\)

Exploitation du résultat

L\'égalité nous fournit une équation d\'inconnue \(\mathcal{l}\), que nous allons tenter de résoudre : $$ \begin{array}{clll} & f (\mathcal{l}) & = & \mathcal{l} \\ \Leftrightarrow & 1 + \frac{1}{1+\mathcal{l}} & = & \mathcal{l} \\ \Leftrightarrow & (1+\mathcal{l}) + 1 & = & \mathcal{l}\times (1+\mathcal{l}) \\ \Leftrightarrow & 2+\mathcal{l} & = & \mathcal{l}+\mathcal{l}^2 \\ \Leftrightarrow & 2 & = & \mathcal{l}^2 \\ \end{array} $$

Donc \(\mathcal{l} = \sqrt{2}\) ou \(\mathcal{l} = -\sqrt{2}\)

Mais comme, \(f\) est définie sur \(\mathbb{R}^+\) on obtient \(\mathcal{l} = \sqrt{2}\).